De ce nakabi, on retiendra deux informations principales.
D'une part, le kyujo de Kotomitsuki : le n°1 nippon, fantomatique depuis le début de la semaine, se retire pour reposer un genou douloureux à l'origine de ses performances décevantes (1-6) et sera kadoban lors du tournoi d'Osaka. Le chanceux du jour s'appelle Yoshikaze : le lutteur de poche empoche une précieuse victoire par fusen qui pourrait s'avérer décisive pour décrocher le kachi-koshi (3/5).
D'autre part, la lutte pour le yusho reste serrée puisque 4 lutteurs se partagent désormais la tête du tournoi avec un score de (7/1) :
- Asahoryu, qui n'a eu aucun mal à se défaire d'un Kakizoe volontaire mais quelque peu brouillon, parvenant à contourner son adversaire et à le pousser hors du dohyo d'une seule main (oshidashi)
- Hakuho, qui a dû s'employer pour vaincre Kisenosato dans ce qui restera comme le plus intense combat du jour. A l'instar de sa défaite de la veille face à Baruto, le Yokozuna parvient rapidement à s'emparer du mawashi de son adversaire, mais ses tentatives de projection restent vaines et laissent à Kisenosato le temps de s'organiser et de placer quelques contres dangereux. Après un moment de répit au centre du dohyo, le Mongol réussit finalement à placer un shitatenage définitif. Kisenosato peut s'estimer mal récompensé de ses efforts...
- Kotooshu, qui résiste aux nodowa de Hokutoriki avant de le sortir d'un yorikiri autoritaire. Peu spectaculaire mais terriblement efficace, le Bulgare confirme sur ce basho qu'il est bien l'Ozeki n°1.
- Baruto, qui confirme sa progression technique contre un des maîtres du genre, l'Ozeki Harumafuji. L'Estonien encaisse sans broncher le tachi-aï utlra-rapide du Mongol et temporise quelques instants pour agripper le mawashi de son adversaire de sa main droite : le yorikiri est alors imparable.
On espère que la seconde semaine sera aussi indécise et nous réservera un final en apothéose.
Pour le reste, les combats de cette journée ne resteront pas dans les annales du sumo. On retiendra comme fil conducteur le triomphe de la puissance brute sur la finesse technique :
- victoire de Kaio (l'Ozeki-qui-avait-un-tractopelle-dans-chaque-bras) contre le redoutable Kakuryu, comme au bon vieux temps ("Ca ne sert à rien de gigoter : j'ai mes deux mains sur ton mawashi. Allez un, deux, trois, yorikiri et au revoir !")
- la poussée de bison de Kotoshogiku, qui expulse rapidement un Toyonoshima dépassé (oshidashi)
- la henka manqué de Tochinoshin, qui permet à Goeido de s'agripper à ses jambes et de le déséquilibrer hors du dohyo (yoritaoshi)
- la victoire de Tamawashi sur Aminishiki à l'issue d'un bref mais violent combat d'oshizumo (oshitaoshi)
- la valse pataude de Bushuyama et Kokkai, dont le Géorgien sort vainqueur (yorikiri).
A noter également le très bon comportement d'Aran qui fait un tournoi sans faute. Pas tant sur les résultats (6/2, ce qui reste quand même très positif) que sur la manière : aujourd'hui encore, il délivre un tachi-aï intelligent qui lui permet de conquérir immédiatement le mawashi de Hakuba ; si sa tentative d'uwatenage échoue, il déséquilibre suffisamment son adversaire pour l'emporter (yorikiri).
En juryo, Gagamaru s'empare seul de la tête du tournoi (malgré un classement très bas de J13) grâce à l'oshidashi réussi contre Kasuganishiki ; il confirme un potentiel énorme et ne devrait plus tarder à frapper à la porte de la makuuchi.